La technique a énormément évolué depuis. Le concept de l'informatique intégrée à l'enseignement existait déjà à l'époque et est – à mes yeux – toujours valable aujourd’hui. En 1992, on débattait encore de l'utilité de l'informatique à l'école primaire. Une question à laquelle la Direction de l'instruction publique du canton de Zurich a répondu par l'affirmative, et c’est ainsi qu’est né le projet de l’informatique scolaire. Nous étions d'avis que les appareils avaient leur place dans les salles de classe et nous avons développé des concepts pédagogiques et didactiques ainsi que du matériel pédagogique concret. Le plan d’études 21, qui exige un appareil personnel pour tous les apprenants, a confirmé les réflexions de l’époque. En outre, il a établi un budget-temps pour la matière informatique.
Je pense que nous pourrions profiter davantage des possibilités technologiques. Prenez, par exemple, les applis d’apprentissage. En général, elles proposent toujours les mêmes exercices à choix multiples. Les fiches de travail utilisées à l’époque ont été transférées sur ordinateur, souvent sans aucune modification. Là on pourrait faire mieux. Avec Learning Analytics, il serait possible de déterminer où se situe exactement un apprenant afin de lui fournir de nouveaux exercices adaptés à son niveau. Seulement passer plus ou moins vite au prochain niveau, qui est le même pour tout le monde, n’a rien à voir avec une approche individualisée. Bien entendu, le diagnostic reste de la responsabilité des enseignants, car ils le font beaucoup mieux qu’une machine. Or, ce que l’ordinateur sait faire, c’est évaluer les données et sélectionner rapidement les exercices selon des paramètres prédéfinis.
Il serait par exemple possible de reproduire la réception d’un hôtel. Les élèves réservent des chambres et viennent s’enregistrer. Ils répondent à des questions posées dans une langue étrangère, parlent avec le ou la réceptionniste, font la conversation. La reconnaissance vocale et la technologie des bots permettent de créer des scénarios personnalisés et de plus en plus réalistes.
Prenez, par exemple, l'exposé classique. Avant, nous devions aller à la bibliothèque, faire des recherches, réunir des informations et les évaluer. À l'ère de Wikipedia et du «copier-coller», cela n’a plus de sens pédagogique. C'est pourquoi, les exercices doivent être conçus différemment. On peut, par exemple, comparer des sources et le type de langue qu'elles utilisent et chercher à savoir lesquelles sont fiables et pourquoi.
Pour la raison susmentionnée. Nous devons donner aux élèves des tâches qui les mettent au défi. Des connaissances de base en programmation aident à comprendre les mécanismes de la technologie. On constate que le programme fait exactement ce que je lui demande. Programmer en classe est un exercice de gymnastique intellectuelle – qui n'est pas sans faire du bien.
Dès l’âge de onze, douze ans, pratiquement chaque enfant a son propre smartphone. Il s’y développe une dynamique dont nous les adultes on ne se rend souvent pas compte. À un si jeune âge, il est difficile de résister à la pression exercée par les réseaux sociaux. Les enfants et les jeunes cherchent des idoles et sont influençables. Les parents et les enseignants ont donc une grande responsabilité. Nous devons les soutenir pour qu’ils puissent s'orienter dans le monde numérique et, par conséquent, dans le monde analogique.